Pour Paul et Pauline, qui s’aiment, quelque chose a changé. On ne sait pas ce que c’est, cela semble sourd et insaisissable. En tout cas c’est vertigineux, comme l’angoisse de ne plus être tout à fait là. C’est pourtant une belle après-midi, il y a beaucoup de choses possibles à faire  :  du thé, aller au cinéma ou bien prendre le bateau pour rejoindre un ami européen. Il y a surtout ce chien encombrant, qu’on avait oublié et qu’il faut absolument semer.

Mais quelque chose a déjà changé, en eux et pour eux. Et il faudra en faire d’abord l’expérience sensible avant de pouvoir mettre un mot dessus. Et s’apaiser peut-être. 

La pièce de Nicolas Doutey, partition méticuleuse, est d’une folle délicatesse. Son réel est omnip-résent mais il échappe – fugace, absurde – à Paul et Pauline autant qu’à nous. Et il faut courir à sa poursuite pour reconquérir par la pensée et le langage ce rapport à soi et à l’autre qui nous ancre au monde.