Un porte-parole. Prendre la parole ou être pris par la parole. Un corps et plusieurs voix. Des voix qui peuplent un espace. Un espace parcouru par des sons. Des sons qui projettent des paysages, des situations, des bribes de conversation. Et qui se multiplient, disparaissent, réapparaissent et dialoguent entre eux.

« Tutuguri », par la dissociation entre le corps et la voix, cherche à créer un décalage entre une présence physique et des sons émis. Ce dédoublement permet d'explorer l'idée que le corps est le « lieu de toutes les utopies ». Il devient en effet une matière qui contient différents êtres, identités, communautés, désirs et volontés.

« Tutuguri » est le titre donné par Antonin Artaud à une danse sonore faisant partie de la pièce radiophonique « Pour en finir avec le jugement de Dieu » . Inspiré d'un rite indien, le rite du « soleil noir », Artaud se laisse posséder par sa propre voix. Je reprends ce mot pour sa sonorité qui vibre d'elle-même sans qu'aucune signification ne lui soit donnée.